vendredi 16 octobre 2015

Le Ballon rouge

J'ai vu "Nie Yinniang (The assassin)" de Hou Hsiao-Hsien il y a deux semaines. Ce réalisateur taïwanais a touné à Paris "Le voyage du ballon rouge" qui est en hommage à "Le ballon rouge" d'Albert Lamorisse. Même si certains grands cinéastes quittent leur pays et filment dans d'autre pays, leurs styles ne changent pas et se retrouvent comme d'habitude dans leur films.


L'intrigue du film "Le voyage du ballon rouge" n'est pas spécialement développée, un garçon issu d'une famille monoparentale qui ne vit qu'avec sa mère (Juliette Binoche) mène une vie à Paris (c'est tout). Un ballon rouge apparaît seulement dans le film. Il existe une différence concernant le rôle du ballon rouge entre les deux films. En ce qui concerne "Le ballon rouge", un garçon et un ballon rouge communiquent et construisent une relation amicale. En revanche dans "Le voyage du ballon rouge", il me semble que le ballon rouge veille sur cette famille avec un doux regard et qu'il est comme l'âme d'un ancêtre. Bien sûr, j'adore les deux films. À vrai dire, dans le film "Le voyage du ballon rouge", le garçon insère une pièce dans un juke-box qui est installé au café. Il choisit une chanson "Emmenez-moi" de Charles Aznavour. Je pense que certaines personnes souhaitent de temps en temps que des nuages les emmènent quelque part pour s'évader du monde réel. Le garçon a fait un bon choix, et pourtant c'est un peu bizzare, comment ce petit garçon connait cette chanson ?

Il y a encore une chose qui m'intrigue. Quand j'ai posté "J'ai fini mille grues" en juin, j'ai utilisé un mot "s'alanguir". Plusieurs lecteurs m'ont envoyé des messages comme "je ne sais ne connais pas ce mot que tu utilises correctement" etc. Puisque je ne suis pas francophone, je ne sais pas si c'est un mot très utilisé en français. J'ai appris ce grâce à la phrase "où les filles alanguies" dans la chanson "Emmenez-moi". Pourquoi je peux mémoriser un mot du premier coup ou je ne peux pas mémoriser  un mot que j'ai recontré tant de fois, c'est un mystère pour moi. Cela fait longtemps que j'ai vu la bande annonce du film "Le voyage du ballon rouge", deux scènes du film "La double vie de Véronique" de Krzysztof Kieślowski que j'avais oublié me ont revenues en mémoire.


La scène où Binoche faisait le doublage d'une pièce de marionnettes dans le film "Le voyage du ballon rouge". Irène Jacob voyait une pièce de marionnettes dans le film "La double vie de Véronique". Ensuite, un rayon de soleil passe par la fenêtre du train arrose le visage de Binoche, il y a presque la même scène dans le film de Kieślowski. C'est une coïncidence ? Hou Hsiao-Hsien et Ozu Yasuzirou disent souvent que leur sensibilité artistique est très proche et commune. Mais je suis certaine que ce réalisateur taïwanais respecte aussi Kieślowski.

 
Dans le film "Le voyage du ballon rouge", le garçon contemple un tableau de Vallotton ("Le ballon") avec ses camarades d'école au Musée d'Orsay, et le ballon rouge passe devant la fenêtre du musée, comme s'il regardait le garçon. Ce cadrage me fascine, la scène du tableau et celle du film sont les mêmes. Suis-je aussi regardée par un ballon rouge invisible ? Cet instant du film remplit mon cœur de joie et de bonheur et m'encourage à continuer à voir d'autres films. Une amie m'a rencontré une petite histoire. Elle a visité Paris il y a pleusieurs années. Quand elle est sortie du Musée national Gustave-Moreau, elle a vu par hasard un ballon rouge flottant dans le ciel. Elle m'a dit qu'elle l'impression de voir cette scène du film. J'étais jalouse de son instant miraculeux. Aurais-je la chance de voir un tel instant un jour ?

jeudi 1 octobre 2015

Le Quattro Volte

Je suis allée au sanctuaire d'Ise avec un correspondant en septembre. La première fois que j'y suis allée, c'était avec mes amies en 2009.

Dans "J'ai fini mille grues.", j'avais écrit en commentaire que les huit millions de dieux (八百万の神, Yaoyorozu no kami) existent au Japon. Aujourd'hui c'est le 1er novembre. Le mois de novembre s'appelle autrement "kannazuki (神無月, ça veut dire qu'il n'y a pas de dieu en ce mois)". Parce que les huit millions de dieux se réunissent au sanctuaire d'Izumo, c'est une théorie étymologique. Nous (les Japonais) croyons à l'existence des huit millions de dieux dans la nature (la mer, la montagne, le lac, la forêt, le grand arbre et la pierre etc.). Ce concept existe-t-il dans le monde occidental ?

En 2011, un film "Le quattro volte" a répondu à ma question. Il m'a semblé que le film était audacieux et exprime le cycle de la nature. Il n'y a pas de narrateur dans ce film. C'est efficace. Si un narrateur était ajouté, l'atmosphère du film serait devenu pédagogique et nous forcerait à suivre l'opinion de cinéaste. Le film a été tourné dans un petit village de la calabraise en Italie.


L'histoire du film se compose de quatre éléments (un berger agé→un chevreau→un arbre→du charbon) qui se relayent. Certaines séquences sont comme un tableau, la construction de cadrage est réalisée minutieusement et soigneusement. Une amie cinéphile m'a dit que ce film était susceptible de catégoriser une sorte d'installation d'art contemporain. C'était comme si mes yeux contemplaient un écran. Le cycle de la nature m'aspire, il ne se modifie pas pour moi. Toute les images me frappent et racontent que l'être humain est une partie de la Terre. Néanmoins nous l'oublions et nous nous comportons comme des rois.
 
Cette façon de tourner que le réalisateur a choisi semble primitive en apparence, je pense que c'est calculée (par exemple, une scène où il y a une chèvre sur la table). Le langage efface les images, il nous distrait. Pour que l'on puisse se concentrer sur le film, le cinéaste a osé tourner de cette manière.
 
Je reviens à ma question, les Yaoyorozu existent-ils dans le monde occidental ? La partie de l'arbre a filmé lors de la fête de Pita dont je ne connais rien. La fête ressemble à été une fête qui s'appelle "Onbashira sai (御柱祭)" au Japon. En la voyant, j'étais surprise. Qu'est-ce que cela signifie ?
 
Nous parlons chacun une langue et habitons chacun dans un pays différent, beaucoup de différences sont donc présentes dans notre mode de vie. La base de nos cultures ce que l'on pense est presque la même, nous respectons la nature qui nous apporte la nourriture et l'oxygène indispensables à notre survie. Ces deux fêtes le prouvent. Finalement nous pouvons reposer nos cerveaux civilisés grâce à cette poèsie (film) pastorale.

Après avoir vu ce film, "Le quatro volte", je trouve qu'il se rapproche d'un autre film coréen "Printemps, été, automne, hiver...et printemps" de Kim Ki-duk. Quatre saisons s'harmonisent en cercle autour de la vie d'un homme, c'est très beau film asiatique. On sent les changements de saisons (l'air, le rayon de soleil, le vent, les constellations etc.) dans le paysage de la vie quotidienne. En aimant la nature, on est vivant. Est-ce suffisant pour savourer la vie ?