jeudi 26 octobre 2017

Le ciel automnal

En voyant le film "La Délicatesse", et aussi en écrivant l'article "Dépayser", je me suis souvenue du film islandais "L'Histoire du géant timide". L'histoire des deux films est similaire. Je n'ai pas visité l'Islande. Le cercle d'or est merveilleux, je voudrais le voir un jour. Jusqu'à maintenant, j'ai vu trois films islandais ("Béliers", "Des chevaux et des hommes","Les enfants de la nature"). Ils décrivent que les habitants islandais coexistent avec la nature grandiose. Je pense que la musique islandaise est plutôt connue grâce à Björk, Sigur Rós, Múm etc. En 2009, le dernier MacDonald qui se trouvait à Reykjavik s'est retiré, il n'y a plus de MacDonald en Islande. Beaucoup de clients ont fait la queue au dernier MacDonald, j'ai vu cette information sur Internet. Si l'on ne mange pas d'hamburger, on ne va pas en mourrir. Ce n'est pas une question vitale.

Quant au synopsis du film, le protagoniste célibataire (Fusi) a 43 ans, il travaille dans la section de cargaison à l'aéroport. Son caractère est introverti, il aime faire des figures de diorama et joue au diorama. Il va parfois tout seul dans un restaurant thaïlandais. Certains collègues le taquine, ils lui disent: "Tu es encore puceau". Sa mère s'inquiète pour Fusi, elle et son petit ami (son père est déjà mort) lui offrent un ticket du cours de country dance. Je me suis demandée pourquoi "country dance" a été choisi. C'est à la mode en islande ?


Il y va à contrecœur pour suivre ce cours de danse, et pourtant, quand il entrevoit la classe, il fait demi tour. Jusqu'à la fin de la classe, il reste dans la voiture pour tuer le temps, comme sa mère doute que Fusi y participe. À l'issu du cours, des participants sortent dehors sous la tempête de neige. Une femme frappe à la fenêtre de la voiture de Fusi, elle lui demande de l'emmener chez elle. Alors, il l'accepte, la femme l'invite à prendre un café chez elle. Après le bavardage, Fusi rentre chez lui. Fusi participe au cours de country dance pour voir cette femme. Cependant, un événement embêtant se passe, Fusi est livré au commissariat, des policiers le considèrent comme un kidnappeur. Parce qu'il a rencontré une petite fille qui habite dans le même bâtiment d'appartement il y a quelques semaines et a joué à la poupée avec elle. Un jour, la petite fille innocente demande à Fusi de faire un tour de la ville en voiture. Ils reviennent devant l'appartement, la police les attend, le père de cette fille a appelé la police, malgré qu'il ne s'occupe pas tellement de sa fille après son divorce. Fusi éprouve de la misère. Sa gentillesse a l'effet inverse que prévu. Je comprends bien que les célibataires soient stigmatisés de temps en temps par les autres. Cette catégorisation par exemple : les célibataires sont bizarres, revêches, pas sociaux etc. Comme je suis célibataire, j'entends de telles choses. Dans mon cœur, j'ai l'air de me dire "Encore !?".

Continuons la suite du synopsis. Fusi tombe amoureux de cette femme. Mais elle a une peine cachée, un jour, elle s'enferme dans la petite chambre chez elle. Fusi dévoue la plus grande partie de son énergie pour elle. Il prend des congés, nettoie sa maison, prépare le repas, et travaille à sa place dans une societé. Quelle belle histoire. Je crois que les hommes sont plus purs que les femmes en moyenne. Et au fil du temps, sa peine est consolée petit à petit, elle sort de la petite chambre. À cette occasion, Fusi sort avec elle. Ils décident de vivre en concubinage. Et pourtant, quand Fusi et son frère transportent des mobiliers chez elle, elle dit soudain à Fusi: "Je ne peux pas vivre en concubinage". Alors, il rentre chez lui. Je n'ose pas décrire la scène finale. Dans cette scène, Fusi sourit un peu, cela est rafraîchissant et attendrissant. Le héros (Francois Damiens) dans le film "La Délicatesse" va peut-être tomber dans la même situation que Fusi, un jour. Car, c'est "女心(おんなごころ)と秋(あき)の空(そら)"(Le cœur d'une femme et le ciel automnal), cela veut dire que les deux changent tout le temps.

samedi 21 octobre 2017

La perle ou la grue

Mon prof de français m'a prêté le livre "Chroniques du ciel et de la vie" d'Hubert Reeves. Je finis bientôt cette lecture. Il y avait beaucoup de mots que je ne connaissais pas. Photosynthèse, azote, anthropocentrisme, strate etc... En plus,  je n'ai pas pu me souvenir des sens des mots que j'avais déjà consultés dans le dictionnaire. Ah, mon dieu, je maudis ma mémoire. Un linguiste japonais (Chino Eiichi) a traduit du tchèque en japonais le roman "L'Insoutenable légèreté de l'être" de Milan Kundera, et il enseignait des langues slaves à l'université. Ce linguiste dit dans son livre: "L'apprentissage d'une langue est comme ramasser de l'eau avec un panier". Il a raison. Il ne faut pas avoir peur de l'oubli.

Cette fois, comme j'ai complètement oublié le sens de "fumier", j'ai consulté de nouveau le dictionnaire. Comme d'habitude, j'ai lu la partie de "fumier". Il y avait une expression que je ne connaissais pas auparavant. C'est l'expression "perle dans un fumier". Cela veut dire "掃(は)き溜(だ)めに鶴(つる)"(grue dans un fumier) en japonais. En anglais, c'est "A jewel in a dunghill". Pourquoi le mot "perle" est utilisé dans l'expression française ? C'est une énigme. C'est intéressant comme l'article "L'éponge ou la cuillère". Pourquoi la grue est utilisée au Japon ? C'est dommage que je n'ais pas pu trouver son étymologie. La majorité des Japonais aiment les grues. La grue est bon augure. L'expression japonaise "鶴(つる)は千年(せんねん) 亀(かめ)は万年(まんねん)" veut dire que la grue vit 1000 ans, la tortue vit 10000 ans. On dit que ces animaux peuvent vivre plus longtemps que les autres animaux. J'ai écrit l'article "J'ai fini mille grues" il y a deux ans. En pliant des origamis, je me suis demandée qui avait inventé "Milles grues".

Est-ce que vous connaissez le conte du folklore japonais "La grue reconnaissante" ? Je vous présente simplement cette intrigue. Autrefois, un vieux couple habitait dans un village. Lorsque le mari va au centre pour vendre des bûches en hiver, il trouve une grue piégée. Alors, il la sauve avec pitié. Le soir, la neige tombe fortement. Une belle fille rend visite à ce couple, car elle a perdu le chemin pour aller voir sa parenté qu'elle n'a jamais vu, après la mort de ses parents. Elle leur demande de la loger ce soir. Ils l'accueillent avec plaisir. Et pourtant, comme les chutes de neige ne cessent pas, elle demeure chez eux pendant quelques jours. Elle leur propose d'être adoptée, ils l'accepte joyeusement. Un jour, cette fille demande à son père adoptif d'acheter des fils, comme elle veux tisser. Il les achète, il les lui donne. Elle dit à ses parrains: "Il ne faut pas me voir dans ma chambre pendant le tissage". Elle s'enferme dans sa chambre et tisse trois jours d'affilée sans cesse. Et après, un beau tissu est achevé par elle. La fille supplie père adoptif de vendre ce tissu dans la ville. Le tissu est très apprécié, il est vendu plus cher que prévu. Ensuite, la fille tisse encore un tissu. Ce deuxième tissu est vendu plus cher que le premier. Ses parrains deviennent riches. La fille tisse le troisième tissu, cependant, les parrains veulent savoir comment elle tisse, leur curiosité vainc son interdiction. Ils regardent dans la chambre. La fille disparaît, il y a seulement une grue déplumée. Cette grue extrait ses propres plumes et les tisse avec des fils. Elle avoue qu'elle est la grue que son père adoptif a sauvée. Comme son identité est dévoilée, elle doit s'en aller. Enfin, elle décolle dans le ciel. Une telle histoire de vertu est préférée par les Japonais. L'esprit de sacrifice est noble ? Est-ce que cette idée encourage la surcharge de travail au Japon?

J'ai tout à fait dévié du contenu du livre "Chroniques du ciel et de la vie". Le livre est traduit en japonais, je le lis pour mieux comprendre. De nos jours, la Terre a beaucoup de problèmes environnementaux. L'auteur dit que l'être humain a fait des efforts pour vivre confortablement, la technologie a évolué puissamment. Le fardeau imposé à la Terre pèse plus lourd sans que les hommes améliorent tellement la grave situation de la Terre. C'est ironique. J'ai l'impression que la Terre nous avertit de l'orgueil des hommes.

jeudi 12 octobre 2017

Dépayser

Après avoir écrit l'article "L'Arche russe", je voulais manger des pirojki. J'ai cherché le restaurant russe qui s'appelle "Rogovski" sur internet pour vérifier les jours de fermeture. Cependant, ce restaurant russe a fermé l'année dernière. C'est dommage. Ces dernières années, l'industrie de gastronomie reste stagnante. En fait, on dit qu'environ 50 % des nouveaux restaurants ferment dans les deux ans au Japon.

À vrai dire, lorsque j'étais écolière, ma famille est allée dans ce restaurant pour fêter l'anniversaire de mon frère ou mon père. Des poupées russes étaient exposées. Comme j'étais petite fille, cela m'a dépaysé. Le goût de la choucroute était très acide pour moi. Mais le pirojki et le thé russe étaient bons. Depuis que je suis devenue majeure, j'y suis allée quatre fois avec mes amis. Son intérieur n'avait pas tellement changé, c'était plutôt pseudo-exotique.

Quand j'ai vu le film "La délicatesse", le verbe "dépayser" était utilisé dans une scène. Un homme moche suédois (François Damiens) prend un repas avec une héroïne (Audrey Tautou) qui est sa collègue dans un restaurant chinois. Il dit dans une réplique qu'il se sent dépaysé. C'est dommage que je ne puisse pas m'en souvenir précisément. En voyant cette scène, je me suis demandée si elle évoquait l'atmosphère du restaurant ou bien le fait qu'il prenne un repas avec elle et qu'il s'en éprenne. Comme je suis Japonaise, j'éprouve plutôt de la nostalgie.


Car, en utilisant des baguettes, je m'habitue à manger du riz cantonais, des raviolis chinois et le barbecue coréen. Lorsque j'étais pendant un an en France, je suis allée plusieurs fois aux restaurants chinois et coréens. J'ai constaté de nouveau que mon sang était asiatique. La cuisine reflète véritablement la culture et le climat d'un pays. Dans le film, un homme français dans le bureau dit le caractère de cet homme suédois: "Il est morne". Probablement, c'est un cliché qu'il vient des films d'Ingmar Bergman ?

samedi 7 octobre 2017

Élaborer

Un soir en septembre, ma mère m'a écrit par SMS que la lune était très belle ce jour-là. Tout de suite, j'ai regardé le ciel par la fenêtre. Elle avait raison. Le ciel est serein et limpide, on peut bien regarder  la lune et les étoiles en automne. Lorsque je suis allée au centre il y a quelques semaines, je suis passée devant MacDonald's. Une grande publicité de "月見バーガー (Tsukimi burger)" était accrochée sur le mur. Cela m'a fait éprouver que la saison pour regarder la lune était arrivée. Qu'est-ce que c'est un Tsukimi burger ? Il n'y a pas de chose remarquable. Simplement, un œuf au plat a été  ajouté dans un hamburger ordinaire. Cet œuf au plat exprime la lune. Je pense que Tsukimi burger est probablement un menu original japonais. Comme je n'ai pas mangé de "Tsukimi burger" jusqu'à maintenant, une question est survenue: "Depuis quand Tsukimi burger est vendu ?" Et alors, je l'ai cherché sur internet, il est vendu depuis 1991, chaque automne.

J'ai rencontré le verbe "élaborer" dans un texte français pour la première fois il y a longtemps, et ce mot m'évoque toujours une pièce de Nô qu'il s'appelle "融 (Tooru)". Elle est souvent représentée vers la saison de pleine lune, à la fête de la mi-automne.

À propos du synopsis, un moine arrive à Kyoto, il rencontre une personne âgée qui porte deux petits seaux pour pomper l'eau marine. Il pense qu'il est un peu bizarre, car il n'y a pas de mer à Kyoto. La personne âgée narre que jadis Minamoto tooru était un ministre, et que le beau paysage de Shiogama (qui est une ville portuaire dans la région de Tohoku) lui avait plu, et que le ministre a fait créer artificielement ce paysage par un jardinier. Sous la lumière de la lune, pensivement, le moine et la personne âgée regardent ce jardin. C'est dommage qu'il soit ruiné. Parce qu'il n'y avait personne qui hérite de sa maison. La personne âgée le déplore. Elle dit au moine qu'elle a raconté la longue histoire. Alors, elle disparaît. Le moine croise un voisin. Le voisin lui enseigne l'histoire du ministre. Le moine se rend compte que cette personne âgée était un fantôme du ministre. Et après, il se couche dans ce jardin. Le fantôme apparaît de nouveau, et pourtant, son apparence n'est pas celle d'une personne âgée, mais du ministre jeune, bien habillé. Il danse avec un éventail. Je pense que cette danse éblouissante est l'apothéose dans la pièce. Après la danse, il disparaît comme s'il rentrait dans la lune. L'éphémère subsiste sur la scène de théâtre. C'est fini.

Auparavant, j'ai vu cette pièce au théâtre Nô. C'était impressionant. Ces dernières années, j'emprunte le DVD de la pièce chaque automne. Cette représentation qui a lieu au sanctuaire d'Itsukushima est une merveille. Lors de la marée haute, la scène de théâtre est enveloppée d'une atmosphère fantastique sous la pleine lune. Comme je ne peux jamais voir cette situation en vrai, je veux encore emprunter ce DVD en cette saison.

Mon explication de la pièce est une digression, mais c'est nécessaire pour comprendre comment le verbe "élaborer" concerne la pièce. Dans des interactions verbales entre le moine et la personne âgée,

老人(ろうじん):ただいまの面前(めんぜん)の景色(けしき)が、お僧(そう)の御身(おんみ)に知(し)ららるは、もしも賈島(かとう)が言葉(ことば)やらん。鳥(とり)は宿(しゅく)す池中(ちちゅう)の樹(き)。
La personne âgée: Vous pensez que ce spectacle coïncide avec vous-même, est-ce que ce sont des paroles de Jia Dao ? Des oiseaux se perchent sur une branche d'arbre planté sur la petite île dans l'étang.

僧(そう): 僧(そう)は敲(たた)く月下(げっか)の門(もん)。
Le moine:Le moine frappe à la porte sous la lune

老人(ろうじん): 推(お)すも。
La personne âgée: Pousser la aussi

僧(そう): 敲(たた)くも。
Le moine: Frapper aussi

老人(ろうじん): 古人(こじん)の心(こころ)。
La personne âgée: C'est le cœur d'un ancien

僧(そう)と老人(ろうじん): 今(いま)目前(もくぜん)の秋暮(しゅうぼ)にあり。
Le moine et la personne âgée: Maintenant, il y a un crépuscule d'automne devant les yeux


Le verbe "élaborer" est "推敲(すいこう)する" en japonais. L'étymologie de "推敲" est un poème de 賈島(Jia Dao). Pendant qu'il l'élaborait, il s'est demandé quels verbes s'il valait mieux choisir entre  "frapper" ou "pousser". Un jour, Jia Dao rencontre par hasard un cortège de 韓愈(Han Yu) qui est aussi poète, il le consulte sur ce choix de verbes, Han Yu répond: "Frapper est mieux, parce que la frappe à la porte retentit sous la lune. Il y a une finesse". Alors, en lisant le verbe "élaborer", cette pièce surgit toujours dans ma mémoire.