dimanche 27 janvier 2019

L'esthétique de la soustraction

La dernière fois, j'ai écrit qu'une amie cinéphile m'avait posé deux questions bizarres: "Comment vous allez mourir ?" et "Quelle chanson préférée sera diffusée sur votre lit de mort ?" J'ai déjà écrit la réponse pour la première question dans l’article dernier. Comme le temps m'a manqué, je n'ai pas pu écrire la réponse pour la deuxième question. Ma réponse est "Spiegel im Spiegel" et "Für Alina" d'Arvo Pärt. Arvo Pärt est compositeur de musique contemporaine. Sa musique est utilisée dans des films innombrables.

J'ai écouté pour la première fois sa musique dans le film "L'éloge de l'amour" de Jean-Luc Godard. C'était "Spiegel im Spiegel". Bien que cette musique soit minimaliste, elle m'a attiré. J'ai attentivement contemplé le générique. Après être sortie de la salle de cinéma, j'ai noté quelques noms de musique que j'avais mémorisés sur mon cahier. Alors, la musique "Spiegel im Spiegel" m'a guidé avec de la chance, grâce à l'internet, je suis parvenue à acheter cet album "ALINA" qui consiste en deux pièces "Spiegel im Spiegel" et "Für Alina".

Quand j'ai répondu à cette amie cinéphile pour les deux questions bizarres, elle m'a écrit qu'elle ne connaissait pas Arvo Pärt. Cela m'a étonnée. À ce moment-là, je venais de voir le film "Mia madre" de Nanni Moretti sur DVD que cette amie m'a recommandé, "Für Alina" est utilisé dans une scène où le protagoniste marche dans le couloir d'un hôpital, après avoir vu sa mère qui est hospitalisée. Je lui ai écrit cette chose, elle m'a répondu qu'elle n'avait rien remarqué. Je suppose que ces deux pièces n'ont pas de prétentions particulières dans la scène, la scène n'est pas engloutie par ces musiques. Je me demande si des réalisateurs préfèrent les utiliser dans un film pour cette raison.


La belle mélodie de ces deux pièces est irrésistible, cela envoûte certaines personnes gens. Personnellement, il me semble que "Spiegel im Spiegel" monte et purifie une âme au-delà. "Für Alina" calme une âme comme un requiem, mais ce n'est pas majestueux. Est-ce que "Für Alina" est le yin, "Spiegel im Spiegel" est le yang ?


Lorsque j'habitais chez mes parents, je me suis souvent couchée, en écoutant l'album "ALINA". J'ai pensé que si j'étais dans cet état, je pouvais mourir, c'était le meilleur. Comment Arvo Pärt les a composée avec si peu de son ? Je ne savais pas qu'il prenait le style tintinnabuli. Tout à l'heure, je l'ai appris grâce à l'internet. Ce style est comme une image du son de la clochette qui se répand. Une partie instinctive de l'homme que je ne peux pas bien expliquer s'éveille à travers ces deux pièces, la belle mélodie raffinée imprégne profondément mon cœur. Finalement je reviens à zéro. Je me sens comme ça. Probablement, cette musique est l'esthétique ultime de la soustraction. Arvo Pärt tond les sons qu'il a jugés superflus. Les sons qui restent sont mis en valeur, alors que l'interstice de ces sons est engendré. Je pense que cette façon de la soustraction est artisanale. 

dimanche 20 janvier 2019

Une enquête bizarre

Au début de janvier, j'ai écrit que ma longévité était de 50 ans dans l'article "Cinquième année". C'est simplement mon estimation.

L'année dernière, mon amie cinéphile m'a demandé comment j'allais mourir, quelle chanson préférée serait diffusée sur mon lit de mort. Comme elle tient un blog, elle a pratiqué cette enquête bizarre auprès de ses amis. Leurs réponses ont été présentées sur son blog. Ma réponse était facile. Probablement, je vais mourir toute seule, en étant pauvre. Il est possible que je dise: "Je veux manger un Onigiri". Ce n'est pas une blague. Un tel incident est arrivé en 2007 au Japon. Un homme n'a pas pu recevoir le revenu de solidarité active, il a écrit des plaintes contre la mairie dans son journal intime, une phrase aussi "Je veux manger un Onigiri". C'est la société actuelle. En tenant compte de cet incident, mon avenir est absolument en noir.

Ma grand-mère disait souvent que les démunis étaient comme les personnes décapitées. J'appartiens à ce type. Les personnes comme moi vivent comme les morts. Il y a cinq ou six ans, j'ai vu le film documentaire "In the Realms of the Unreal - The Mystery of Henry Darger", Henry Darger m'a donné du courage. D'abord, qui est Henry Darger ?


Henry Darger est né en 1892 à Chicago. Avant ses 4 ans, sa mère est morte. Sa petite sœur est adoptée. Son père a mal aux jambes. Lorsque Henry a 8 ans, son père tombe malade, et il entre dans la maison de charité. Alors, Henry passe dans un établissement catholique. Il ne peut pas bien communiquer avec des amis, il est exclu de l'établissement. Des troubles émotionnels lui arrivent, il est admis dans un établissement pour les enfants avec retard mental, à ses 12 ans. Et après, son père est mort. Il s'évade de cet établissement. À ses 16 ans, il travaille en tant que balayeur dans l'hôpital Saint-Joseph. Plusieurs années plus tard, il commence à écrire le conte "In the Realms of the Unreal". Il demande une adoption à l'église à ses 33 ans. Cependant, elle la rejette. Il ne veut pas y renoncer, il la demande plusieurs fois. Son voeu ne s'exauce jamais. Je pense qu'Henry voulait fonder sa propre famille. À ses 73 ans, il est forcé d'arrêter le travail de nettoyage. Il écrit son autobiographie. En 1972, Henry tombe malade, et il entre dans la maison de charité. Le propriétaire de son appartement demande à Henry qu'est-ce qu'il va faire de ses effets personnels. Henry lui répond: "Jetez tout à la poubelle". Ce propriétaire est artiste, il range la chambre d'Henry. Beaucoup d'illustrations et le conte "In the Realms of the Unreal" sont laissés, cela le surprend. Henry est mort en 1973.

Dans ce film, le réalisateur interviewe un voisin de son appartement et le propriétaire. Selon l'interview du voisin: "J'ai salué parfois Henry. Il n'a parlé que du temps. Il m'a paru qu'il avait conversé avec quelqu'un dans sa chambre, j'ai cru que quelqu'un était venu. Mais, c'était qu'il changeait sa voix et soliloquait." Le propriétaire raconte une anecdote d'Henry. Auparavant, quand il sortait pour promener son chien, Henry lui a demandé combien ça coûtait par mois pour avoir un chien. Il a répondu que c'était environ cinq dollars. Henry a dit: "Je ne peux pas payer", il avait l'air déçu. Je comprends bien son sentiment. La pauvreté limite toujours le choix, la résignation continue sans répit. Et pourtant, Henry a ramassé des journaux et magasines dans la poubelle auxquels il s'est référé pour dessiner des illustrations. Il continuait d'écrire une longue histoire, même si cette œuvre n'était pas mise au grand jour. Probablement, on dit qu'Henry est loufoque, mais je le respecte. Car, il a fait de son mieux autant que possible. Henry me remonte le moral. Un signe que je deviens comme lui a déjà émergé.

Lorsque je sors de mon appartement, je dis deux paroles "行ってきます(ittekimasu)" "行ってらっしゃい(itterassyai)". C'est difficile de traduire ces paroles en français. "行ってきます(ittekimasu)" est comme "J'y vais". "行ってらっしゃい(itterassyai)" a plusieurs sens, c'est comme "Bonne journée" et "Bon courage" etc. De plus, lorsque je retourne chez moi, je dis deux paroles "ただいま(tadaima)" "お帰りなさい(okaerinasai)". "ただいま(tadaima)" est "J'arrive maintenant". "お帰りなさい(okaerinasai)" est "Bonne arrivée". Comme j'habite toute seule, il n'y a pas de membre de ma famille. D'ordinaire, des membres de ma famille disent les paroles "行ってらっしゃい(itterassyai)" "お帰りなさい(okaerinasai)". Alors, je change un peu ma voix, je dis toujours ces deux paroles comme un monodrame. Est-ce que je suis en train de me rapprocher d'Henry Darger ?

mardi 15 janvier 2019

Le Kōfuku-ji

À la fin de l'année, la famille de mon frère est venue chez ma mère. On est allé à Nara.  Parce que mon frère voulait faire voir à ses enfants des temples célèbres dans le manuel scolaire. Comme on n'a pas logé, on a pu seulement visiter trois temples, le Tōdai-ji, le Kōfuku-ji, et le Tōshōdai-ji.

Mon frère a offert à sa fille le roman "La Tuile de Tenpyô" d'Inoué Yasushi, lors de Noël. Dans le Shinkansen, elle le lisait un peu, une somnolence l'a envahi. Il y a beaucoup de caractères chinois dans ce livre, en fait, je pense que la majorité des collégiens ont un peu de peine à le lire. Moi aussi autrefois. J'ai visité le Tōshōdai-ji dans ma vingtaine. La grande réparation du toit de Kondō (金堂) était en cours, c'était dommage. Cette fois, cette réparation était finie. Le Kondō avait une atmosphère élégante. La simplicité raffinée de cette architecture m'a plu. J'étais très satisfaite de cette visite.

Quant au Tōdai-ji, deux statues colossales en bois dans la grande porte sud nous ont souhaité la bienvenue, nous avons passé sous cette porte. Le Daibutsu-den est érigé, et le grand bouddha est installé dedans. Je voulais visiter des autres bâtiments dans le Tōdai-ji. (Le kaidan-in, le Nigatsu-dō, le Hokke-dō etc.) Le temps nous a manqué. Ma mère nous a raconté une anecdote idiote. Quand elle était collégienne, lors du voyage scolaire, elle est allée à Kyoto et Nara. Les élèves sont partis en randonnée dans le mont Wakakusa qui se situe à l'est du Tōdai-ji. Elle est tombée comme un bonhomme de neige sur le mont, on a vu sa culotte. Elle avait honte. Un homme inconnu l'a arrêté. Ma mère n'était pas blessée. Cette histoire, c'est son cheval de bataille. Je l'ai entendu depuis mon enfance.

Le Kōfuku-ji était important pour moi. À vrai dire, je n'avais jamais visité ce temple auparavant. Mais, en 1998, je suis allée au musée municipal pour voir des trésors nationaux du Kōfuku-ji. La statue de l'asura de ce temple est très connue. Sa figure et sa silhouette sont sublimes, bien que l'asura soit simplement un des huit protecteurs du bouddhisme. De plus, ces huit protecteurs sont des dieux du paganisme. Le Kōfuku-ji possède beaucoup de trésors nationaux. Dans l'ère Meiji, ce temple a failli être ruiné à cause d'Haibutsu Kisyaku où le gouvernement japonais a aboli le bouddhisme et détruit les statues de Shakyamuni. C'était complètement fou. Ernest Fenollosa a protégé ces trésors nationaux et sauvé ce temple. On peut les voir de nos jours grâce à lui. Il est véritablement un messie de l'art japonais. Je ne savais pas que le musée des trésors nationaux dans le Kōfuku-ji avait été rénové en 2018 pour des travaux de résistance au séisme.


Alors, j'ai pu voir de nouveau ces trésors nationaux, 20 ans plus tard. Maintenant, mes cheveux sont grisonnants. Cette fois, on n'a pas pu visiter le nanendō (南円堂) et le hokuendō (北円堂) , c'était dommage. Pourtant, ce réveillon du jour de l'An était bien. Je souhaite que ces trois temples soient transmis à la postérité.

mercredi 9 janvier 2019

Le petit garçon

En écrivant l'article "T'es Japonaise ?", j'ai souhaité que les jeunes occidentaux voient non seulement "Furyo", mais aussi des autres films d'Ōshima Nagisa. Pour les occidentaux, ses deux films "Furyo" et "L'empire des sens" sont très connus et emblématiques. Ce cinéaste a tourné beaucoup de films. Je n'ai pas vu tous ses films. La conception du monde dans des vidéos de promotion de PNL m'évoque un peu le film "Le petit garçon". Ce film ne décrit pas le trafic de drogue comme des vidéos de promotion de PNL. Cependant, il reflète un cercle vicieux dans la société, on ne veut pas voir la réalité autant que possible. Le film est inspiré d'un triste incident. Un garçon a fait exprès de heurter une voiture sous l'ordre de son père. Son père a négocié avec le conducteur. Il a gagné une compensation.

Expliquons l'intrigue du film "Le petit garçon". Un petit garçon est écolier, il m'a semblé qu'il n'allait pas à l'école primaire au travers la scène de début. Le soleil tombe, il rejoint ses parents et son petit frère devant un restaurant de rāmen. Sa famille ne paie pas le prix d'un hôtel et s'enfuit. Et alors, il faut trouver une combine. Sa marâtre court sur la route, et elle tombe par terre. (Sa mère est déjà morte.) Néanmoins elle n'arrive pas à se faire tamponner par la voiture, c'est un échec. Cette famille est vagabonde, et elle cause souvent des accidents truqués dans tout le pays pour gagner sa vie.


Un jour, comme sa marâtre a une légère blessure, elle est morose. Son père, invalide de guerre, est en mauvais état. Il ordonne au petit garçon de faire ce travail. Le garçon ne veut pas tellement le faire. Sa marâtre lui offre une casquette jaune. Tant bien que mal, ses parents lui font heurter une voiture sur la route. Comme c'est cruel ! Ce petit garçon est isolé, son seul interlocuteur est son petit frère. Le petit garçon accomplit bien ce travail au fil de temps, mais sa concience le travaille toujours.

Sa famille visite une autre ville, et elle recommence à provoquer un accident truqué. Son père obtient 50,000 yen (maintenant environ 13,000 euros). Lorsque ce petit garçon marche tout seul, un étudiant salit la casquette jaune du petit garçon. De plus, sa marâtre croyant qu'il fuit, jette sa belle casquette. Cette famille va encore dans une autre ville. Une telle vie ennuie le petit garçon. Une nuit, il sort de l'hôtel à la dérobée. Et puis, il prend un train pour Amanohashidate qui se trouve dans la préfecture de Kyoto. La mer se calme, il verse des larmes sur la plage. Mais, comme il est écolier, il retourne à l'hôtel. La vie quotidienne ne change pas. Le petit garçon est obligé à nouveau de faire ce travail. Sa famille se déplace sur le littoral de la mer du Japon.

Leur revenu augmente, et pourtant le corps du petit garçon est couvert par des ecchymoses. Le petit garçon supporte toujours la douleur. Finalement, sa famille arrive à Hokkaido. Ses parents se disputent souvent sur les accidents truqués. Ils décident de cesser ce travail. Alors, la famille réside à Osaka. Malheureusement, leur crimes sont révélés, et ses parents sont arrêtés par la police. Ensuite, un policier emmène le petit garçon pour une vérification sur place. Ils prennent un train, le petit garçon commence à pleurer, en contemplant la mer par la fenêtre du train. Une bouffée de sentiment indicible monte en lui. C'est la fin.

Il y a plus de 15 ans, j'ai vu ce film au cinéma. Le regard du petit garçon était très pathétique. C'est inoubliable. Même si l'on critiquait ses mauvais parents, ils étaient précieux pour lui. Les enfants ne peuvent pas choisir leurs parents. Dans le film, le petit garçon pense à sa condition, mais il n'arrive pas à trouver une solution. Car, il n'a que 10 ou 11 ans. C'est normal. Il sait que ses parents sont démunis, il doit heurter une voiture pour les aider. Son état est pitoyable. De temps en temps, l'acuité de son regard était impressionnante. Je me suis demandée si j'aurais été courageuse comme lui, lorsque j'étais petite. Heureusement, mes parents étaient en bonne sante. Ils se disputaient souvent, mais ils n'ont pas divorcé. Le petit garçon du film était orphelin en réalité. Quand j'ai cherché le synopsis du film sur Internet pour m'en souvenir, je l'ai su. En jouant le rôle dans le film, a-t-il momentanément goûté la solidarité d'une famille ? Je ne peux pas m'empêcher de souhaiter qu'il fonde sa famille maintenant.

jeudi 3 janvier 2019

Cinquième année

Ce blog est commencé depuis 2015, le temps passe vite. Malgré la mort de mon père, j'ai pu écrire un article presque chaque semaine, l'année dernière. C'était bien. Combien d'articles que puis-je écrire cette année ? Je ne le sais pas. Quand j'écris un article, un film ou un livre ou une anecdote se rappellent à moi. Je note ces choses pour faire un autre article, mais j'y renonce parfois. Parce que ma rédaction en français est toujours lente. Pour le surmonter, c'est nécessaire d'introduire le vocabulaire français dans mon cerveau, sans cesse. Il faut conjuguer des efforts. Après la mort de mon père, je ne lisais pas tellement de textes en français. Parce que je ne pouvais pas me concentrer sur la lecture.

Le temps qui me reste est seulement cinq ans ! Car, je crois que je vais mourir à mes 50 ans. Ma tante est morte d'un cancer à 52 ans, lorsque j'étais lycéenne. C'est la première fois que j'ai pensé sérieusement à la mort. Dès lors, je pense qu'il vaut mieux que j'estime ma longévité à 50 ans, je mène la vie quotidienne. À mes 25 ans, la moitié de ma longévité de vie est déjà passée, j'ai commencé à sentir une angoisse.

À vrai dire, un petit papier est mis dans mon portefeuille depuis quelques années. J'ai écrit sur le papier: "Après ma mort, il faut tout de suite ouvrir un dossier 《mort》de mon ordinateur", le mot de passe de mon ordinateur aussi est noté. C'est une préparation à ma mort. En 2017, j'ai eu un accident de la route, j'ai dit à mes parents: "Si je suis morte, cherche ce papier dans mon portefeuille", en leur montrant le papier. Mes parents ne m'ont pas répondu. Mais, il y a toujours une possibilité que ma mort arrive plus vite que la leurs. J'ai dit la même chose à mon frère aussi, après les funérailles de mon père, l'année dernière. On me dit parfois que la préparation à mort est sinistre, et amuse-toi, c'est "Carpe diem". Je le comprends bien. Toutefois, en étant consciente de ma mort, les affaires prioritaires sont naturellement décidées. Ce que je ne veux pas faire se clarifie. Pour ma part, je ne veux pas travailler. Mais l'argent me manque toujours pour vivre, bien que je ne mène pas une vie fastueuse. Une vie longue est un risque pour les pauvres. Maintenant, je me souviens d'une réplique du film "Jeux d'été" d'Ingmar Bergman qui exprime bien cela. L'héroïne qui est ballerine dit: "J'ai peur de mourir, mais aussi de vivre" C'est exactement ça.