samedi 9 septembre 2023

Des homophones

Je suis allée à Osaka pour une représentation de Nō samedi dernier. Pourquoi j'ai fait exprès d'y aller ? Parce qu'il y avait une explication sur une pièce entre la professeure Tanaka Reiko et le maître de Nō Otsuki Bunzo qui est un trésor national vivant avant la représentation. La pièce de la représentation est "盛久(Morihisa)" qui a été ecrite par Kanze Motomasa. Il est un des fils de Zeami, on dit qu'il est mort au milieu de la trentaine. Zeami s'est lamenté sur cela. Quatre pièces que Motomasa a composées sont certainement identifiées dans quelques documents historiques. Ce sont "隅田川(Sumidagawa), "弱法師(Yoroboshi)", "歌占(Utaura), et "盛久(Morihisa)". Comme je n'avais seulement pas vu Morihisa, cette fois j'ai enfin pu la voir. 

Selon l'explication de la professeure sur la pièce, le héros Taira no Morihisa est samouraï, il devient prisonnier de guerre après la guerre de genpei, Tsuchiya l'escorte jusqu'à Kamakura pour être exécuté. Néanmoins cette pièce n'appartient pas au genre de "homme". Les pièces de "homme" sont extraites du roman historique "Histoire de Heike" où Heike (la tribu du Samouraï) est tombé en ruine. Le destin du Samouraï était le combat, c'est une histoire remplie d'amertume de la vie. La professeure a supposé que Motomasa voulait décrire des samouraïs survivants plus que des samouraïs morts à cause de la guerre. De tels samouraïs se sentent vides et durs à l'intérieur, la pièce Morihisa reflète cette chose. Heureusement lorsque Morihisa va être égorgé, le sabre du bourreau est tout à coup cassé en deux. La foi de Morihisa pour le temple Kiyomizu lui a offert un miracle. En écoutant l'explication de la professeure, j'ai imaginé que Motomasa voulait croire au miracle impossible.

De plus, le shité, l'acteur du rôle principal, Morihisa ne met pas le masque, c'est rare dans le nō. On dit que c'est 直面(hitamen) qui veut dire "masque directe". Je me suis demandée si, quand le shité de maître de nō était en hitamen, il était embarassé ? La professeure a posé au maître de Nō Otsuki Bunzo cette question. Sa réponse était que c'était difficile de jouer en hitamen. Le shité en hitamen n'imite pas le masque, mais il ne fait pas l'expression abondante du visage. J'ai pensé qu'Otsuki Bunzo en parlait en toute franchise.

À l'issue de l'explication sur la pièce entre eux deux, une représentation de "Morihisa" a commencé. Tout à l'heure, comme j'ai un peu écrit l'intrigue, Morihisa est amené par un samouraï de Genji pour être exécuté à Kamakura. Lorsqu'il quitte Kyoto, il supplie ce samouraï de Genji pour prier une dernière fois dans le temple Kiyomizu. Ce samouraïs l'accepte. Leur itinéraire de Kyoto jusqu'à Kamakura est accentué par une chanson des choristes. De nombreux noms de villes et des sites célèbres sont contenus dans cette chanson. Ce sont que Morihisa ne pourrait jamais dorénavant les voir. Finalement, Morihisa arrive à Kamakura le lendemain matin. Lorsque Morihisa va être égorgé, le sabre du bourreau est tout à coup cassé en deux. dans le lieu de l'exécution. Morihisa est sauvé, ensuite il est convoqué par Minamoto no Yoritomo. Il pose à Morihisa une question: "Est-ce que tu as fait un rêve la nuit dernière ?" Morihisa lui répond et explique son rêve que Guanyin qui est associé à la compassion est apparu et lui a dit qu'il faisait place à toi. Cela étonne Minamoto no Yoritomo, parce que lui aussi a fait le même rêve. Alors Morihisa sait qu'il est secouru grâce aux mérites de Guanyin. Minamoto no Yoritomo fait une fête pour Morihisa. Comme Morihisa est un virtuose de danse, il danse splendidement devant Yoritomo, il le remercie pour son salut. C'est la fin.

Personnellement, les paroles de la chanson que les choristes chantent lors de l'itinéraire de Kyoto jusqu'à Kamakura sont intéressantes. Par exemple,
森を過ぐるや 美濃尾張 (Mori wo suguruya   Mino Owari)
Je traverse une forêt, j'arrive à Mino et à Owari.

美濃(Mino) se trouve dans la préfecture de Gifu, 尾張(Owari) dans la préfecture d'Aichi. Mino évoque aux spectateurs un autre sens de Mino, 身の(mino), donc cela veut dire "le corps". 終わり(owari) est "finir", Morihisa pense que son corps finit. C'est un jeu de mots, cependant ces homophones s'associent à la mort. Le shité ne bouge pas tellement, de telles paroles se superposent sur le sentiment de Morihisa. J'estime que c'est l'apothéose de cette représentation dans un sens. Vraiment, je suis contente d'avoir vu cette pièce.

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