vendredi 18 novembre 2016

Oreiller d'herbes

Lorsque j'écrivais l'article "Théâtre national du Nô", je voulais ajouter une pièce "熊坂 (Kumasaka)" que j'avais vue. Avant la représentation, une professeure (Tanaka Takako) a expliqué cette pièce. Dans le livre "Je suis un chat" de Natsume Soseki, un protagoniste (Kaneda) est décrit comme ressemblant à Kumasaka qui est protagoniste de cette pièce. En écoutant son explication, je n'ai pas pu me souvenir du contenu du livre "Je suis un chat". Car je l'ai lu il y a longtemps, j'étais collégienne. A vrai dire, j'ai récemment fini par lire le roman "Oreiller d'herbes"(en français et en japonais) de Natsume Soseki. Justement, j'ai commencé à le lire avant que j'aille à Tokyo.

Auparavant, j'ai lu le roman "Oreiller d'herbes" à mes 16 ans, quand j'étais hospitalisée à cause de l'appendice. Je n'ai pas pu arriver à comprendre ce contenu. Cependant, une phrase au début du roman m'a touché à cette époque.

"Je gravissais un sentier de montagne en me disant : à user de son intelligence, on ne rique guère d'arrondir les angles. A naviguer sur les eaux de la sensibilité, on s'expose à se laisser emporter. A imposer sa volonté, on finit par se sentir à l'étroit. Bref il n'est pas commode de vivre sur la terre des hommes."  - "Oreiller d'herbes"

Il a raison, maintenant aussi Natsume Soseki est grand écrivain au Japon. Même si des Japonais ne lisent pas ce roman, de nombreux Japonais connaissent cette phrase. Il est sûrement difficile de lire ce livre. Je pense qu'il fait presque partie des classiques de la littérature.

Je vous présente simplement son synopsis. Un protagoniste est peintre, il visite un village rustique pour peindre où il y a un bain thermal japonais. Mais il n'achève pas son tableau jusqu'à la fin du roman. Il rencontre quelques villageois et bavarde avec eux. C'est tout. Natsume Soseki consacre environ la moitié du roman à narrer le cœur du protagoniste. Ce n'est pas qu'un soliloque. Mais on change de point de vue, ce protagoniste peut être considéré comme un Waki de Nô. Ceci est expliqué dans le livre "Un Waki regarde le monde du Nô" de Yasuda Noboru qui m'a donné l'opportunité de relire le livre "Oreiller d'herbes". "Waki" est le rôle secondaire, en général, il est voyageur. Il se présente au début d'une pièce, ensuite il rencontre "Shite" (le héros), et fait la conversation avec "Shite". Au cas où "Shite" serait fantôme, "Waki" prie pour "Shite." Cependant, "Waki" s'assoit à côté d'un pilier droit sur la scène dans presque la moité de la pièce. Et alors, ceux qui voient pour la première fois une pièce de Nô, ne peuvent pas tellement comprendre son rôle, moi non plus. Au fur et à mesure que je vois des pièces, j'estime que "Waki" accomplit son rôle médiumnique. Car, si "Waki" n'existe pas, nous ne pourrons jamais rencontrer ou voir "Shite". "Waki" se situe à la frontière d'au-delà et d'en deça. J'y réfléchis bien, nous (tous les vivants) aussi affrontons toujours notre mort et les morts d'autrui. Est-ce que "Waki" est nous-même ? Il me semble que Natsume Soseki a introduit l'aspect de Nô dans le livre "Oreiller d'herbes". Cet auteur est amateur de Nô, il apprenait le Yôkyoku (comme la chanson) avec zèle.

En outre, comme cet héros est peintre, il cite des tableaux et des peintres renommés. Par exemple, "Orphélie" de John Everett Millais, "Un prunier et une grue" d'Ito Jakuchu, et "Yama-Uba" de Nagasawa Rosetsu etc. Ensuite, plusieurs vers de poètes chinois (Wang Wei et Tao Yuanming etc.) sont repris, et ce protagoniste s'amuse à composer quelques poèmes chinois. Il est évidemment cultivé. Mais, il y a un peu trop d'annotations dans ce livre. Cet héros devient parfois pessimiste, pour autant il n'essaie pas de couper la relation humaine, il côtoie les autres. J'ai de la sympathie pour lui. Je trouve plutôt que son humanité est bien exprimée par l'écriture de Natsume Soseki.

"Supposons que l'on soit en colère: la colère prend aussitôt la forme de dix-sept syllabes. Sa transmutation en dix-sept syllabes en fait la colère d'un autre. Une même personne ne peut pas en même temps se mettre en colère et composer un haïku." - "Oreiller d'herbes"

En particulier, cette phrase est très impressionnante. Je voulais taper le genou. Cette expression "taper le genou (膝を打つ, Hiza wo utsu)" n'existe pas en français. j'ai consulté le dictionnaire français tout à l'heure. Cela veut dire, que j'admire cette phrase, et que je suis tout à fait d'accord. Une collègue et moi, nous nous plaignions de notre tâche où je travaillais autrefois, mais nous nous en sommes lassées de plus en plus. Tout à coup, je ne sais pas pourquoi, nous avons commencé à faire des Senryu (comme l'haïku, mais ce n'est pas nécessaire de mettre un mot de saison). On mélange des mots satiriques et des blagues nulles, on entre son sentiment dans 5 7 5 syllabes. Nous avons complètement oublié notre colère envers le travail, nous nous sommes diverties à composer des Senryu. C'était très amusant. Maintenant, j'écris en français, c'est une distraction dans un sens. J'ai déjà écrit cette chose dans l'article "Un compliment" en août. Et pourtant, cette distraction a besoin de persévérance et d'effort.

5 commentaires:

  1. Bonjour Yoroboshi

    Donc si je comprend bien le "waki" est un "chaman" en quelque sorte?
    Le chamanisme est il présent au japon?

    Bàv

    Frédéric

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    1. Bonjour Frédéric,

      Le "waki" est voyageur et bonze dans la majorité de pièces, comme vous avez dit, il a un peu l'élément de "chaman".

      Pour autant que je sache, il y des Itako(chamane) dans la région de Tohoku. Mais je ne vois pas ces personnes en rélaité.

      http://reikiparis.canalblog.com/archives/2013/08/25/27892040.html

      http://chambredescouleurs.france-i.com/10616

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  2. Bonjour Yoroboshi

    Le chamanisme n'est il pas l'une des plus vieille religion?

    Chez nous je ne crois pas qu'il existe ce genre de pratique ou peut être dans le fin fond de nos Ardennes, je ne suis pas expert...

    Bàv

    Frédéric

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    1. Bonjour Frédéric,

      Probablement, je crois qu'une telle personne exsiste comme le film "Au-delà (Hereafter)" de Clint Eastwood.
      Mais on peut pas distingquer un veritable chaman ou pas.^^

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    2. Bonjour Yoroboshi

      Je n'ai pas vu ce film mais d'après la bande annonce on parle plutôt d'un medium, je suis retombé sur ce film "la forêt d'émeraude" de john Boorman, superbe film avec de magnifiques paysages et qui traite plus ici du chamanisme ^^

      Frédéric

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