samedi 6 juillet 2019

Le coupeur de roseaux

Cette année, je ne peux pas tellement voir des films. Pour l'instant, au total 59 films. Chaque fois que j'emprunte des DVD, après les avoir vus, je les passe à ma mère. Car, elle aussi aime voir des films. Cependant, mon choix de films ne lui plaît pas de temps en temps, elle s'en plaint. 

Il y a cinq ou six ans, j'ai vu le film japonais "Miss Oyu" de Mizoguchi Kenji sur DVD. Lorsque je l'ai passé à ma mère, elle m'a demandé si ce film était basé sur "蘆刈(Ashikari= le coupeur de roseaux)" de Tanizaki Junichirō. Qui joue le rôle de Miss Oyu ? Je lui ai répondu: "Oui, tu l'as déjà lu ? Moi, je ne l'ai pas lu. Tanaka Kinuyo joue." Elle m'a dit qu'elle l'a lu il y a longtemps, "Le coupeur de roseaux" était une nouvelle, tu pourras le lire vite. Le film et la nouvelle traitent le sujet de l'amour platonique.

À propos, une partie de la pièce de Nô "Le coupeur de roseaux" est diffusée dans le film. Alors, la semaine dernière, je suis allée au théâtre de Nô pour la voir. À vrai dire, je connaissais seulement le titre de cette pièce, il a fallu préparer le contenu. D'abord, j'ai lu la nouvelle "Le coupeur de roseaux" de Tanizaki, ensuite, le texte de la pièce et sa traduction en langue vivante.

Expliquons brièvement l'intrigue du film et de la nouvelle. Miss Oyu est veuve, sa sœur Oshizu rencontre un homme Shinnosuke pour un mariage arrangé. Miss Oyu s'assoit à côté d'Oshizu lors de cette première rencontre, il est captivé par le charme d'Oyu. Bien qu'Oshizu le sache, elle se marie avec Shinnosuke. Oyu a un fils, la famille de son mari décédé l'élève. Elle ne peut pas se remarier avec quelqu'un. Car, la société et la famille de son mari décédé n'acceptent pas le mariage. Oshizu admire Oyu, elle se rend compte que Shinnosuke plaît à Oyu. Ce couple visite souvent la maison d'Oyu. Ils passent du temps et voyagent parfois ensemble. La relation curieuse de ces trois personnes continue. En revanche, les autres autour d'eux se doutent de leur relation. Oyu est obligée de retourner à la maison natale, après que son fils est mort. Son frère recommande de se remarier avec un distillateur de sake. Shinnosuke et Oshizu menait une vie aisée. Et pourtant, peu de temps après, la famille de Shinnosuke est en faillite. Oshizu est enceinte, elle accouche. Mais, malheureusement, elle meurt. Un jour, Shinnosuke laisse ce bébé et une lettre devant la porte de la maison d'Oyu. Elle décide de l'élever, après avoir lu cette lettre. C'est la fin. Le début et la fin dans la nouvelle est un peu différente de ceux du film. Le protagoniste rencontre un homme inconnu au bord de la rivière. Cet homme raconte la relation de ces trois personnes. Finalement, il avoue qu'il est le fils de Shinnosuke et Oshizu.


Le synopsis de la pièce de Nô est complètement différent de celui du film et de la nouvelle. Je vous l'explique simplement. Un homme Kusaka no saemon vit dans un village. Jadis, sa famille a fait faillite. Sa femme l'a quitté. Elle est allée à Kyoto, elle travaille maintenant en tant que nourrice d'une famille aristocrate. Trois ans s'écoulent. Cette femme visite ce village avec deux serviteurs pour chercher son mari. Les serviteurs demandent à un villageois s'il connait Kusaka no saemon, il leur répond que Kusaka no saemon a disparu. Elle est découragée, les serviteurs essaient de lui donner le moral, ils demandent de nouveau à ce villageois s'il y a un événement amusant. Il leur répond qu'un homme dans un marché est drôle.

Et alors, la femme et les deux serviteurs attendent cet homme drôle dans ce marché. Peu après, il apparaît pour vendre des roseaux. Il déplore qu'il est ruiné. Il raconte avec raffinement le coupeur de roseaux. Un serviteur lui adresse une parole. Il chante et danse, en citant des Waka connus (un genre de la poésie japonaise), La femme demande au serviteur que cet homme drôle lui apporte un roseau. L'homme s'approche de la femme, en l'apportant. Dès qu'il regarde son visage, il se cache brusquement derrière une cabane. Parce que cet homme drôle est Kusaka no saemon. Il éprouve de la honte. Et puis, elle lui dit qu'elle vient le chercher, comme sa vie est devenue stable maintenant. Ce couple chante l'un et l'autre des poésies qui expriment leur sentiment. Finalement, le mari réapparaît. Les serveurs fêtent leurs retrouvailles. Ils vont ensemble à Kyoto. C'est la fin.

La représentation de Nô était bien la semaine dernière. En particulier, le shité (Kusaka no emon) danse, en tenant un chapeau traditionnel. C'est la cime de cette pièce. Un waka connu est chanté dans la pièce, la nouvelle et le film "Le coupeur de roseaux". Je ne savais pas comment ce waka se traduisait en français. J'ai cherché sur Internet, une partie de la nouvelle "Le coupeur de roseaux" en français est citée sur Internet. Quelle chance ! Daniel Struve est professeur à l'université Paris Diderot, il l'a traduit. À vrai dire, "Le coupeur de roseaux" est basé sur "Les contes de Yamato" qui ont été écrits au Xème siècle. Dans le début de la nouvelle "Le coupeur de roseaux", l'auteur Tanizaki Junichirō incorpore des œuvres de la littérature classique japonaise. Un tel expert de la littérature classique japonaise comme Daniel Struve a achevé cette traduction pénible. Sa traduction de ce waka est très impressionante.

君なくてあしかりけりと思ふにも  Kiminakute ashikarikerito omounimo
いとゞ難波のうらはすみうき     itodo naniwano urawa sumiuki

Loin de toi
Hélas ! je coupe les roseaux
À cette pensée
La vie sur la grève de Naniwa
Me devient toujours plus insupportable.

あしかり (ahiskari) est "掛詞 (Kakekotoba)" qui est une sorte de figure de rhétorique. Simplement, 蘆刈 (ashikari) signifie "le coupeur de roseaux". Un autre sens est 悪しかり (ashikari), cela veut dire "devenir mal". Après que son épouse l'a quitté, la vie de Kusaka no semon devient de plus en plus mal. En interprétant de telle rhétorique, c'est toujours difficile de traduire le texte classique.

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