vendredi 20 septembre 2019

Le Sommeil d'Europe

Une amie qui habite à Tokyo m'a envoyé une lettre, elle écrivait sur le roman "地球にちりばめられて"(On est dispersé sur la Terre) de Tawada Yoko. Auparavant, j'ai lu une critique littéraire sur Internet, ce roman était présenté. Cela m'a tenté. C'est dommage que ce roman ne soit pas traduit en français. Tawada Yoko écrit des romans et essais en allemand. En 2016, elle a été couronnée du prix Kleist. C'est une prouesse admirable en tant que Japonais.

Brièvement, je vous explique l'intrigue. L'héroïne Hiruko cherche en Europe une personne qui parle la même langue maternelle. Parce que son pays a disparu. Sa nationalité n'était pas mentionnée dans ce livre, mais il y a des allusions. Elle est Japonaise. D'abord, elle rencontre un homme danois Knut qui est doctorant en philologie.

Knut s'intéresse à la langue maternelle d'Hiruko et à la langue "Panska" qu'elle a inventée. Et puis, ils se déplacent en Allemagne, car "Umami festival" a lieu à Trèves. Hiruko sait quelque part qu'un homme Tenzo participe à ce festival. Elle suppose qu'il parle probablement la même langue maternelle qu'elle. L'organisateur de "Umami festival" est une femme allemande Norah. Elle connaît Tenzo, et pourtant il va à Oslo et ne revient pas. De plus, ils rencontrent un homme indien Akash qui habite en Allemagne en tant qu'étudiant étranger. En cherchant Tenzo, l'histoire se déploie. Quelle est la nationalité de Tenzo ? Ce mystère est décelé, au fur et à mesure qu'on tourne les pages.

Je n'ose pas écrire la fin. Le contenu du roman qui tourne autour de la langue stimule mon cerveau, cela me donne un nouveau point de vue à travers des jeux de mots. Par exemple, le nom "Tenzo" dérive du mot "典座 (tenzo)" qui est une position de moine dans le bouddhisme. Comme je suis Japonaise, j'ai cru que le nom Tenzo dérivait de "典座". Mais, presque tous les étrangers ne le savent pas. De plus, le nom sanskrit Akash veut dire l'éther et l'espace. C'est intéressant. Six protagonistes racontent chaque chapitre. L'auteure nous interroge sur la définition de la langue maternelle. Qu'est-ce que notre frontière linguistique ou géopolitique ? Hiruko dit que, comme on est terrien, l'immigration illégale est impossible. Elle a raison.

Je pense que ce titre raffiné du roman reflète une telle idée de Tawada Yoko. Lorsque nous sommes nés, nous sommes dispersés sur la Terre, aucun rapport avec notre intention. Nous n'avons pas de choix du lieu où nous sommes nés. Quant à la couverture de ce livre, cette photo est très excellente. Deux objets en flocons sont exposés. Pourquoi le flocon est utilisé ? Il va fondre tout de suite, alors est-ce qu'il est la métaphore de notre vie éphémère ? On ne sait pas si ce roman est traduit en français. Je souhaite que des Francophones le lisent un jour.

À vrai dire, je veux présenter encore une nouvelle  de Tawada Yoko. Pendant qu'une amie voyageait en France dans ses vacances, elle m'a envoyé un message: "Maintenant, je suis à Paris. Je vais acheter quelque chose pour ton souvenir, qu'est-ce que tu veux ?" Alors, je lui ai demandé d'acheter la nouvelle "Le sommeil d'Europe" de Tawada Yoko. Parce qu'elle n'est pas traduite en japonais. Après être retournée au Japon, elle m'a envoyé ce livre avec un message qu'elle avait écrit: "Ce livre a été posé dans le rayon de la littérature allemande." La taille de la nouvelle est plus petite que celle d'un  livre de poche. Elle a seulement environ 80 pages. J'ai pu le lire en trois jours.

Quant au synopsis, une étudiante japonaise est clarinettiste au conservatoire à Tokyo, elle obtient une bourse d'étude. Heureusement, elle va à Vienne et s'installe là-bas. La majorité des étudiants étrangers viennent de pays européens. Ils parlent bien l'allemand comme Stefan Zweig écrit. Par contre, elle a du mal à exprimer ce qu'elle veut dire. Je crois que l'auteure avait éprouvé autrefois une telle expérience. C'est incroyable, quand j'ai vu son interview en allemand, elle répondait couramment en allemand aux questions de l'intervieweur. Comme elle intériorise l'allemand, elle peut écrire des romans en allemand.

L'héroïne de la nouvelle déambule dans la ville de Vienne, voit des architectures et fait du lèche-vitrine. Malheureusement, deux jeunes hommes à la manière de néo-nazi la remarquent, elle fuit dans l'église. Cet événement n'arrive pas au Japon. Dans plusieurs jours, elle visite le "Kunsthistorisches Museum" et contemple des peintures de Brueghel. De temps en temps, une mémoire de son enfance surgit chez elle. Par hasard, elle voit une annonce d'une bourse pour Berlin au resto de l'université. Elle décide impulsivement de déménager tout de suite à Berlin.

À la librairie de Berlin, elle fait la connaissance d'une femme autrichienne Maria-Theresia. Cette femme invite l'héroïne pour le dîner avec son compagnon slovène et une Ukrainienne Polina. La lueur d'une chandelle sur la table attire l'héroïne, elle rêvasse et ne peut pas tellement se concentrer sur la conversation. Quelques jours plus tard, il y a toujours beaucoup d'immigrants dans cette ville, ce spectacle est l'avenir de Japon ? L'héroïne devient compositrice renommée, un mécénat riche invite l'héroïne et quelques musiciens à Hong Kong. Elle pense que la pauvreté est sans fond, la richesse aussi devant la mer de néons étalés qu'on peut bien voir en haut du gratte-ciel. Cette soirée finit, elle retourne à Berlin. Dès lors, l'imsomnie l'attaque. Il faut qu'elle aille au service de douane pour recevoir un colis. Elle voit le frère de Polina qui reçoit des livres qu'elle a envoyés. Polina est déjà retournée en Ukraine. L'héroïne ne lui adresse pas une parole. Le contrôleur interroge l'héroïne: "Qu'est-ce qu'il y a dedans ?" Elle lui répond: "Je ne sais pas, comme je ne suis pas expéditeur, peut-être des CD". Il lui dit: "Il est possible que ce soit des drogues." Elle ne peut pas s'enlever ce doute. Et alors, elle sort sans recevoir ce colis. Elle souhaite que Polina puisse s'apercevoir de sa détresse et revienne de nouveau. C'est la fin.

À première vue, des affaires insignifiantes sont seulement décrites dans cette nouvelle. Je pense que les conversations sont minutieusement élaborées. L'héroïne considère bien des affaires insignifiantes qui concernent l'Europe. Elle ne peut pas recevoir le colis, qu'est-ce que cela signifie ? L'Ukraine n'adhère pas encore à l'Union européenne. Ce pays est dechiré entre la Russie et l'Europe. Même si l'héroïne intériose l'allemand, et qu'elle obtient une deuxième identité, elle n'appartient pas parfaitement aux Européens. L'auteure continue à marcher sur des délimitations linguistiques, cela se chevauche avec cette héroïne.


À propos, j'ai trouvé un récital littéraire de Tawada Yoko à Paris, cette année, elle récite cette nouvelle en allemand. Comme le texte en français de cette nouvelle est projeté sur l'écran dans cette vidéo Youtube, si vous vous y intéressez, vous pouvez le lire. Mais, on ne peut pas lire jusqu'à la fin dans la vidéo.


Présentons une autre chose. Le personnage de nom "Tenzo" dans le roman "地球にちりばめられて"(On est dispersé sur la Terre)", il y a un film japonais qui est intitulé du même nom. Ce film a été sélectionné en séance spéciale lors de la semaine de la critique au Festival de Cannes en 2019. Je ne l'ai pas vu encore, ce contenu me tente.

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