lundi 7 juin 2021

Un service en vaut un autre

Malgré l'état urgence, mon frère est venu chez ma mère il y a deux semaines. Car, il n'a pas pu participer à la cérémonie pour inhumer le vase funéraire de mon père l'année dernière. Au fait, j'ai proposé à ma mère et mon frère de visiter une statuette Jizô qui se trouve près de la maison de grand-mère. 

Qu'est-ce que c'est la statuette Jizô ? C'est comme un dieu de la route, elle existe aussi pour des enfants qui sont morts à cause de la maladie, la fausse couche, ou l'avortement. À vrai dire, lorsque j'étais petite (environ quatre ans), j'ai marché avec ma mère qui berçait mon frère jusqu'à cette statuette, nous avons prié. Je me suis souvenue de cette chose il y a quelques années. Comme cette mémoire est brumeuse, j'en ai parlé à ma mère. Elle était étonnée. Selon son explication, lorsque mon frère était bébé, il ne dormait pas tellement et pleurait souvent pendant la nuit. Ma mère était très fatiguée tous les jours. Ma grand-mère lui a conseillé de prier devant la statuette Jizô. C'est une sorte de religion populaire. Ainsi, ma mère y allait fréquemment. Cette fois, j'ai demandé à mon frère s'il se souvenait de ce fait. Il ne s'en souvient pas. Lui et moi avons une quarantaine maintenant, ma mère a 73 ans. Nous avons de nouveau prié devant cette statuette Jizô, il y a deux semaines. Elle nous a revus, j'ai imaginé qu'elle a souri dans son cœur. Il m'a semblé qu'elle gardait encore ma famille. Mon frère a demandé à ma mère quand cette statuette Jizô avait été construite. Ma mère lui a répondu: "Je ne sais pas. Mais lorsque ma mère a épousé mon père, cette statuette existait déjà." Donc, 90 ans minimum ont passé. 

Ici, la statuette Jizô m'a évoqué un ancien conte que j'ai appris dans le manuel scolaire. C'est "Kasa Jizô". Quant au synopsis, jadis, un couple âgé habitait dans un village. Au réveillon du nouvel an, le mari va pour vendre des bûches au centre, et après il a l'intention d'acheter des mochis pour accueillir le nouvel an. Cependant, ses bûches ne se sont pas vendues. Un homme qui vend des casquettes tissées en paille lui adresse la parole: "Vous avez vendu vos bûches ? Ces casquettes ne se sont pas tellement vendues. Si vous voulez, troquons ces casquettes contre vos bûches ?" Le mari accepte, et il retourne chez lui. En route, la neige tombe. Le mari passe devant six statuettes Jizô. La neige s'accumule sur leur tête. Et alors, il enlève la neige et met ses casquettes aux statuettes Jizô. Mais, comme une casquette manque, il met la serviette qu'il porte sur la tête à la dernière statuette. Après être retourné chez lui, le mari raconte ce fait à sa femme. Elle lui dit qu'il a bien fait. Ensuite, ils vont au lit. Peu de temps après, ils entendent des bruits bizarres dehors. Puis, ils ouvrent la porte. Il y a des mochis et des légumes. Cela surprend ce couple. Ils voient six statuettes Jizô marcher au loin. Ils les remercient. C'est la fin.

Ce contenu est très pédagogique. Lorsque j'étais écolière, j'ai lu cette histoire, c'était impressionnant. Même si les statuettes Jizô n'ont pas de vie, c'est important qu'on ait une tendre sollicitude. Autrement dit, c'est "Un service en vaut un autre". Ce proverbe est comme un proverbe japonais "情けは人の為ならず(Nasake wa hito no tame narazu)". On le traduit littéralement en français, cela veut dire que "On montre à un autre de la compassion, ce n'est pas bien pour cet autre". C'est franchement faux. Environ 50 % des Japonais se trompent sur le sens. Qu'est-ce que c'est le sens correct ? C'est que "On montre à un autre de la compassion, c'est bien pour cet autre. Cette conduite sera rendu à soi-même un jour". Je pense que ce proverbe est un peu moralisant. La réalité est toujours contradictoire.

Et à part cela, "ならず(narazu)" est la négation dans la langue japonaise contemporaine. En l'occurence le sens correct, "ならず(narazu)" , "なら(nara)" vient de "なり(nari)", c'est l'affirmation. "ず(zu)" est la négation. Cet usage est la langue japonaise classique. Par conséquent, 人の為ならず(hito no tame narazu) veut dire que "c'est bien pour cet autre". Lorsque j'avais dix ans, un instituteur a expliqué ces deux usages grammaticaux dans le cours de japonais. Il a fortement dit aux élèves qu'il ne fallait pas les confondre. Auparavant, ma mère a fait exprès de demander à mon frère ce que ce proverbe voulait dire. Sa réponse était le sens faux. Elle s'est lamentée.

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