Je suis allée à Kyoto pour voir une représentation de nō. Il faisait très chaud dehors, mais la climatisation a bien fonctionné dans le théâtre de nō. Pour moi, il a fallu porter une chemise avec manches longues. La représentation se compose de deux pièces de nō ("源氏供養 Genji kuyou" et "巻絹 Maki ginu") et d'une pièce de kyōgen ("雁礫 Gan tubute").
Premièrement, c'était "源氏供養"(Genji kuyuō). Le drame ”光る君へ(Hikaru kimi e)” de NHK est diffusé cette année, il a décrit la vie de Murasaki Shikibu. Alors, des pièces de nō dans beaucoup de représentations de cette année concernent "Le Dit de Genji" ou Murasaki Shikibu. Je pense que ces pièces incitent des gens à venir au théâtre de nō. A vrai dire, j'ai vu pour la première fois cette pièce. Avant la représentation, un maître de nō a simplement expliqué la pièce. "Genji kuyo" est littéralement traduit en français, c'est le service commémoratif du "Dit de Genji". Écrire un roman ou une fiction, cela est un péché dans le bouddhisme. Parce que dire la non-réalité est tromper les autres. "Le Dit de Genji" est un grand roman, Murasaki Shikibu ne peut pas atteindre le nirvana, un tel récit a été généré. La pièce est basée sur ce récit.
Quant à son intrigue, un moine va au temple Ishiyama, en chemin une femme lui adresse la parole: "J'ai séjourné dans le temple Ishiyama afin d'écrire "Le Dit de Genji". Cependant, comme je n'ai pas fait un service commémoratif, je ne peux pas atteindre le nirvana, je souhaite que vous le fassiez." Le moine l'accepte, il lui demande : "Vous êtes Murasaki Shikibu, n'est-ce pas ?" La femme éprouve de la honte, et elle disparaît. Et après, le moine arrive au temple Ishiyama et prie pour Murasaki Shikibu. Elle apparaît de nouveau et le remercie. Elle lui demande: "Qu'est-ce que je peux faire en remerciement ?" Le moine lui répond: "Je voudrais voir votre danse." Alors, elle danse. C'est la fin.
Ce qui m'a intéressée, lors de la danse finale de Murasaki Shikibu, c'est les choristes. Ce contenu du service commémoratif était qu'en énumérant le nom de protagonistes féminins du "Dit de Genji", les phrases étaient très littéraires. J'ai écouté deux fois les paroles de cette pièce sur YouTube il y a un mois, j'ai remarqué que le nom des protagonistes (Kiritsubo, Suma, Tamakazura etc.) est inséré dans les paroles. Tout de suite, j'ai pensé que, comme Hikaru Genji était un coureur de jupons, il est tombé amoureux de beaucoup de femmes. Ses amantes ont souffert de l'amour éphémère. Est-ce qu'une telle raison apporte le service commémoratif ? C'est possible. Dans cette représentation, le kimono du "site"(protagoniste principal) Murasaki Shikibu était en pourpre. Murasaki en japonais est "pourpre". Elle danse avec dignité, la fierté en tant que romancière est ajoutée à cela.
J'omets la pièce de kyōgen "雁礫 Gan tubute". Je vous présente l'autre pièce de nō "巻絹 Maki ginu". Je l'ai vu pour la première fois. Auparavant, un correspondant français m'a parlé de la nouvelle "三熊野詣 Mikumano moude (Pèlerinage aux Trois Montagnes)" de Mishima Yukio, et alors je l'ai lu. L'histoire de la pièce se déroule à Kumano qui se trouve dans la préfecture de Wakayama. Je ne sais pas si Mishima Yukio s'est inspiré de la pièce "Maki ginu". Cependant, comme il a aimé le nō, je pense que la pièce "Maki ginu" et la nouvelle "Mikumano moude" se lient un peu. Le thème des deux œuvres est le waka(la poésie japonaise).
À propos du synopsis de "Maki ginu", l'empereur a eu un rêve étrange, il ordonne à un serviteur de ramasser des tissus roulés en soie de chaque préfecture et de les consacrer aux trois temples de shintô dans la préfecture de Wakayama. Mais le tissu roulé de la capitale est en retard. Le messager de la capitale apporte un tissu roulé en soie et arrive à Kumano. Il visite le temple de shinto d'Otonashi pour prier sans raison particulière. Ici, il sent l'odeur de fleurs de prunes. En voyant ces fleurs, il chante une poésie envers le dieu de ce temple. Et après, il arrive chez le serviteur de l'empereur. Le serviteur le gronde pour son retard et l'attache avec une corde. Peu de temps après, une miko qui est intermédiaire entre les hommes et les divinité apparaît et adresse la parole: "Pourquoi vous attachez cet homme avec une corde ?" Elle est possédée par le dieu du temple d'Otonashi. Elle dit: "Cet homme a chanté pour le dieu. Détache-le." Elle le déplore. Le serviteur n'y croit pas. Il fait chanter la première phrase de sa poésie au messager, et puis il fait chanter cette dernière phrase à la miko. La miko défait la corde, le messager est délivré. La Miko leur raconte la vertu du Waka. Elle est toujours incarnée et danse sublimement. Après cette danse, elle revient à elle. C'est la fin.
Franchement, je me suis inquiétée de dodeliner, mais j'ai pu me concentrer sur la représentation. Le kimono du "site" la Miko était en blanc, des fleurs de prunes ont été brodés, c'était magnifique. Comme ma place était à la quatrième rangée, j'ai bien pu voir ce motif du kimono. La broderie était minutieuse. Cette fois, je me suis demandée pourquoi je ne me suis pas lassée du nō. Le fantôme ou le dieu apparaissent souvent sur la scène, la réalité manque. Ce qui me plaît, c'est qu'il me semble qu'il m'emmène dans l'autre monde pendant la représentation.