Il y a deux semaines, je suis allée à Kyoto pour voir une présentation de Nō. Chaque jour, le nombre de nouveaux cas augmente au Japon. J'ai hésité à y aller, mais j'avais déjà acheté ce billet au début de juillet. Comme j'y suis allée toute seule, ce n'était pas nécessaire de parler. Il a fallu faire attention à l'infection aéroportée dans la voiture du shinkansen et au théâtre de Nō. Comment je dois la prévenir, je ne sais pas. Je ne suis pas encore vaccinée. Quel est le pourcentage que j'attrape un coronavirus ? Ça passe ou ça casse. Pour l'instant, je suis en forme. Je me demande parfois si je suis déjà devenue une superinfectrice.
Cette fois, trois pièces de Nō "邯鄲(Kantan)", "玉鬘(Tamakazura)", et"恋重荷(Koi no omoni)", de plus une pièce de Kyōgen "寝音曲(Neongyoku)" ont été présentées. Les places à côté de moi étaient vides. Car une affiche est collée sur ces places :"Ne vous assoyez pas, s'il vous plaît". Ça fait longtemps que je n'ai pas vu des présentations de Nō au théâtre.
Quant à "Kantan", présentons brièvement cette intrigue. Un jeune homme Rosei se soucie de son avenir, et part en voyage pour demander à un grand moine qui habite dans l'État de Chu: "Comment je dois vivre ?" Un jour, il loge dans une auberge qui se trouve dans la ville Kantan. L'hôtelière lui recommande de dormir pendant qu'elle cuit le riz. Elle lui donne un oreiller. Alors Rosei a un rêve merveilleux. Un messager impérial vient et appelle Rosei. Il lui dit que Rosei hérite du trône et est emmené au palais somptueux. Il devient empereur. Alors, cinquante ans passent déjà. Un festin a lieu pour le règne de cinquante ans. Rosei reçoit un verre de Sake pour souhaiter la longévité, et il en boit. La danse commence, Rosei danse aussi. Son rêve approche de la fin. L'hôtelière l'appelle pour le réveiller et lui dit que le dîner est prêt. Rosei se rend compte que la vie est comme un tel rêve, c'est très éphémère. En soulevant l'oreiller, il dit que cet oreiller est véritablement le maître de vie. Le contenu de cette pièce est un éveil spirituel bouddhique.
Lorsque j'ai vu pour la première fois "Kantan", j'avais la vingtaine. Cette fois était la deuxième. Au fur et à mesure qu'on vieillit, on s'aperçoit que le temps passe vite. Tout le monde a des soucis et des problèmes et meurt souvent subitement. Je le ressens encore plus. Dans la pièce, lorsque le messager impérial et l'hôtelière de l'auberge réveille Rosei, ils frappent son lit avec un éventail, la scène change, de la réalité au rêve, du rêve à la réalité. Cela m'intéresse.
La deuxième pièce était "Tamakazura". Quand le fantôme de Tamakazura est apparu sur la scène, j'ai ouvert tout grand les yeux. Parce que son vêtement de kimono de 唐織(karaori) était magnifique, cette couleur était 柿(kaki) qui est un fruit japonais. Ce motif était des petits chrysanthèmes et d'autres fleurs. En apparence, on voit que ce motif était une broderie et qu'il se détachait sur le tissu de ce kimono. Mais il est minutieusement tissé. Karaori est une sorte de technique de tissage. 唐(kara) est la Chine, 織(ori) est le tissage. C'est le tissage chinois. Cette technique a été propagée autrefois au Japon, particulièrement elle s'est développée à Nishijin de Kyoto.
À propos de l'intrigue de cette pièce, un moine visite le temple Hase(長谷寺) qui se trouve dans la préfecture de Nara. Après être allé prier dans ce temple, il marche au bord d'une rivière. Une femme rame dans une barque. Le moine trouve que c'est bizarre. Elle lui adresse la parole: "Moi aussi, je visite le temple Hase". Elle le guide jusqu'à deux cèdres. Cet endroit est très célèbre dans le Dit du Genji. Elle lui raconte que lorsque Tamakazura visite ce temple, Ukon qui servit Hikaru Genji revoit Tamakazura. La scène de leur retrouvaille est ici. Elle le supplie: "Pourriez-vous soulager la pitié du destin de Tamakazura ?" Et après, elle disparaît. Un villageois vient ici, le moine lui demande qui est cette femme bizarre et comprend qu'elle est le fantôme de Tamakazura.
De nouveau, le fantôme de Tamakazura hante. Jadis, Tamakazura était très belle, elle est esclave de la paranoïa de l'amour. Sa beauté a attiré beaucoup d'hommes. Après sa mort, elle en souffre toujours. Alors, le moine récite le mantra pour elle. Finalement, elle peut atteindre le nirvana. En voyant cette pièce, je me suis souvenue que ma mère avait emmené mon frère et moi au temple Hase il y a plus de 30 ans. Je n'ai pas mémorisé ces deux cèdres. Ce temple m'évoque seulement le long escalier avec le toit. La semaine dernière, ma mère et moi avons parlé du temple Hase. Elle m'a dit que la saison où nous l'avons visité, était celle de la floraison de la pivoine dans ce temple.
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