dimanche 13 mai 2018

Bienvenue dans le capitalisme

Je suis allée au cinéma chaque semaine pendant un mois. Lors du festival de Cannes de l'année dernière, j'ai vu la bande annonce de "Faute d'amour" d'Andreï Zviaguintsev. Cela m'a tenté, je me suis demandée quand ce film allait sortir au Japon. C'est dommage que le film ait raté la palme d'or. Cependant, il a obtenu le prix du jury. En mars, j'ai trouvé par hasard une émission sur Andreï Zviaguintsev à la radio. Ce titre était "Andreï Zviaguintsev ou le cinéma de la déshérence morale russe". Comme mon niveau de français n'est pas suffisant, je n'ai pas pu comprendre parfaitement le contenu. Après la mort de Krzysztof Kieślowski, pour l'instant ce cinéaste russe est mon cinéaste vivant préféré dans le monde.

Cela remonte à plus de dix ans, j'ai rencontré son film "Le Retour". Je ne veux pas utiliser une phrase clichée "Cela m'a touché". Plutôt, il m'a semblé que la texture du film est indiciblement rugueuse. Après l'avoir vu, j'ai cherché des informations sur ce cinéaste sur internet. Est-ce qu'il y a ses autres films ? Par quel processus est-il devenu cinéaste ? Mais, je n'ai pas pu ramasser des infos en japonais.


L'intrigue du film "Le Retour" est très simple. Une mère et deux fils habitent ensemble. Un jour, leur père revient. Cela fait longtemps que les deux fils n'ont pas vu leur père. Néanmoins, le père les emmène à un lac en voiture. Ses fils sont perturbés. L'attitude du père est sévère, l'atmosphère aimable ne flotte pas dans la voiture. Est-ce que la relation entre le père et ses fils est améliorée ? J'ai vu en tant que spectateur, les événements qui arrivent sur l'écran. Comment faut-il que la famille existe ? Cette question reste en suspens.

J'ai attendu ses films prochains pendant quelques années. Les deux films "Le Bannissement" et "Elena" étaient encore inédits au Japon. Pourquoi des entreprises japonaises de la distribution de film ne les ont pas achetés ? Elles devaient estimer que les deux films n'étaient pas rentables. Dès lors, le film "Léviathan" a gagné le prix du scénario au festival de Cannes 2014. Ce film est sorti au Japon en 2015, ainsi que les deux films précédents. J'ai dansé avec joie et acheté des billets vendus à l'avance. Ces trois films n'ont pas trahi mon attente. Je ne recommande pas tellement ses films aux autres. Parce que l'on n'obtient pas de catharsis après les avoir vus. Plutôt, ces films ne commencent ni ne finissent, et ils ne nous jamais consolent jamais dans un sens.

À propos du film "Faute d'amour", au début d'une séquence, un garçon trouve une chose comme un ruban de gymnastique rythmique dans une forêt, il le jette vers le ciel, ce ruban reste accroché à une branche d'arbre. J'ai contemplé cette séquence. Ce garçon, Aliocha, est presque abandonné par ses parents. Son père et sa mère se disputent toujours, ils divorcent bientôt. Et pourtant, ses parents ne veulent pas assumer Aliocha. Car, le fils est un obstacle, pour qu'ils débutent chacun une nouvelle vie. Les parents pensent: "S'il n'y avait pas d'enfant, ...." Ils ont déjà des nouveaux partenaires. Aliocha sait ce fait, et il est accablé. Je comprends bien sa souffrance. Est-ce que sa raison d'être n'a pas de valeur ? Il n'a pas choisi de naître. Alors, il décide de fuguer. Sa mère s'aperçoit plus tard qu'Aliocha a disparu, et elle l'annonce à son mari. Le mari lui dit: "Il va retourner bientôt". Les parents imposent à l'un l'autre la responsabilité. Avant cet événement, cette mère va chez le coiffeur, et ensuite son petit ami et elle dînent dans un restaurant luxueux. Après ils font l'amour chez lui. Elle est complètement accro de selfie. Le revenu annuel de son petit ami est plus haut que celui de son mari. C'est très important, elle en est fière. Cela apporte une meilleure vie, la mère y croit. Bienvenue dans le capitalisme. Ce monde est plein de désir intarissable. La Russie a connu l'éffondrement du socialisme, la société russe s'est faite des illusions sur le capitalisme ?


Ils appellent la police, un policier vient et les interroge sur les vêtements d'Aliocha et son air etc. Mais les parents ne peuvent pas répondre clairement aux questions. Cette scène montre qu'ils sont indifférents à leur fils. Ce policier leur dit qu'il y a d'autres incidents, par exemple des meurtres, et donc la police n'attend que des informations. La mère réplique que la police est impuissante. Le policier propose une autre façon, c'est l'aide d'un groupe civil de bénévoles. Sans choix, ils dépendent de ce groupe. Aussi ici, le chef du groupe leur demande des choses sur Aliocha, ils ne répondent pas tellement aux questions, et ils commencent finalement à se disputer. C'est le pire. Malgré la gratuité, des bénévoles cherchent Aliocha avec dévouement. Lorsqu'ils crient le nom du fils dans la forêt, le père les suit seulement. Ce contraste est accentué. Les autres (volontaires) sans lien du sang crient, en revanche le père est silencieux. Qu'est-ce que c'est la relation familiale ?

Un jour, un cadavre du même âge d'Aliocha est découvert, les parents se hâtent d'aller au commissariat. Les parents vérifient si le cadavre est Aliocha. Le cadavre est très abimé, la mère crie et sanglote. Le père jette un coup d'œil, détourne le regard tout de suite. Heureusement, il n'y a pas la marque distinctive, le cadavre n'est pas le fils. On ne sait pas si Aliocha vit quelque part s'il est mort. La mère habite chez son petit ami, elle et lui regardent la télé, une information sur la guerre civile en Ukraine est diffusée. Cela ne les intéresse pas. Elle commence à courir avec un tapis de course. Le père aussi habite chez sa petite amie, un bébé est déjà né. Il regarde la télé, la même info est diffusée. Le bébé pleure un peu, le père le berce, mais il ne joue pas tranquillement avec lui. Ensuite il le pose dans un parc à bébé. Nous (les spectateurs) suspectons que l'avenir du bébé va se synchroniser avec celui d'Aliocha. Au fur et à mesure que l'on poursuit le bonheur individuel, est-ce que l'on s'en éloigne ? La scène finale retourne au début du film. Ce ruban accroché à la branche d'arbre flotte encore au vent. L'absence d'Aliocha et un résidu qui reste dans le cœur de ses parents sont symbolisés par le ruban. C'est une métaphore parfaite. Le vide incurable s'étend sur l'écran. Il m'a semblé que de plomb demeure dans mon ventre, à l'issue de la projection.

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